Caravansérail a convié la population à la cinquième édition d’Espace blanc (EB5). Le centre a invité Marie-Hélène Leblanc pour assurer le commissariat de l’événement hivernal bisannuel qui s'est tenu cette année-là sous le thème de La résistance.

J’ai voulu profiter de cette invitation pour explorer autrement le mouvement dans un objectif spécifique et un cadre de création structurée. Lors d’une séance de travail, j’ai amené avec moi les objets utilisés pour cette performance, soit un extrait du Voyage d’hiver de Schubert, une paire de patins à lame et une valise. Ma question de travail était de trouver une manière de danser avec mes patins. J'ai commencé par voir ce qu’il était possible de faire en patins sur un plancher. Je me suis exécutée. Dans la première tentative, j'ai observé que j’utilisais trop mes bras. Ces derniers masquaient un travail plus intérieur, ils déconcentraient le regard. Pour la deuxième exploration, je me suis dirigée vers un travail plus orienté sur les pieds, les jambes et le tronc. Tout à coup, la posture de départ d’une patineuse artistique s’est présentée, posture que j’ai gardée pour la performance. J’ai pris la pose et dès le départ de la musique, une grande nostalgie s’est emparée de moi et une présence connectée avec le bassin et le tronc m’a amenée vers des gestes plus subtils.

J'ai tenu compte que cette performance se déroulait pendant la période froide de l'hiver avec la présence des glaces sur les berges de la ville et je m'en suis inspirée. Au début de la performance, je dépose au sol un petit glaçon que je tiens dans les mains. Il fondera doucement tout au long de ma performance. Cette nostalgie que j'avais en tête était alimentée par cette conscience environnementale du climat qui se réchauffe. Les glaces sont de moins en présentes sur les côtes et les berges.