Variations
Installation, Circa Montréal, Qc - 2008
La vénération du silence c’est un propos d’entendant. Je crois. Le bruit est une manifestation de la vie. D’aucuns ne peuvent s’imaginer vivre sans les bruits du quotidien. Ils sont dans la temporalité. Ils situent notre vie.
Chaque manifestation de notre vie est accompagnée par le bruit. Le bruit nous est familier. Le bruit a le pouvoir de nous rappeler à la vie.[1] Luigi Russolo
De mon côté, il s’élabore à partir d’une absence. Mes projets parlent de situations vécues et observées, mais qui consistent à susciter une réflexion différente, ou plutôt une prise de conscience de l’environnement sonore du quotidien. Dans L’art des Bruits, Luigi Russolo fait remarquer que le bruit est apparu avec l’invention des machines. Il aurait suivi le rythme d’évolution de l’être humain. Mis à part les éléments naturels, la vie se déroulait pratiquement en silence. Le bruit est une manifestation de ce qui se vit au moment où il se fait entendre.
Le bruit ne se peaufine pas. Il se reçoit sans fioritures. Il se fait dans un jet. Insupportable, à peine perceptible, silencieux ou surprenant. Il est le résultat d’une spontanéité. Est-ce que l’entendant serait vraiment capable de vivre sans bruits?
Redécouvrir le bruit du métal qui se cogne et s’en amuser.
À l’automne 2005, je me suis mise à écrire bruit dans un cahier que j’ai complété au bout d’une année. Le travail s’est transformé petit à petit en une écriture schématisée. Actuellement, dans mon atelier, j’écris toujours bruit, mais, sur des partitions musicales. Je m’interroge. Qu’est-ce que le bruit donc? La musique de la vie?
[1] RUSSOLO, Luigi, L’art des Bruits, Manifieste futuriste 1913, Ed. Allia, 2003, p.23. [2] RUSSOLO, Luigi, op. cit., p.15.
Texte écrit par le philosophe Pierre Bertrand en accompagnement à cette exposition.