Je me suis intéressée à tenter de rendre visible la voix, ma voix. L’utopie illustre parfaitement mon rêve le plus fou de chanter un air d’opéra! Le concept visuel s’est élaboré autour de ce propos. Le travail de recherche visuelle a jumelé une installation dans l’espace d’exposition avec une recherche sonore pour l’habiter. 

Ce projet possèdait plusieurs atouts. Tout d’abord, une démarche qui se construit dans la continuité est habituellement quelque chose qui se peaufine et prend de plus en plus de son sens, pour l’artiste. Ensuite, d’un point vue disons «scientifique», il était peut être intéressant d’entendre une voix chantée qui demande à ce qu’on laisse au vestiaire les repères habituels d’une belle voix. L’ardeur avec laquelle je travaillais la voix et le plaisir que j’éprouvais lorsque je «chantais» m'on peut-être permis de faire traverser le mur de la note juste? 

 Ce projet de l’escargot a, depuis 2002, évolué d’une façon très surprenante. Il est étonnant de voir à quel point une démarche artistique est tributaire de son vécu. Le domaine de la performance était, avant cette résidence, un univers que j’observais avec beaucoup d’intérêt. Il est étrange de constater que c’est le sujet de travail qui m'a dirigé à explorer cette avenue, et non le contraire.  

La Chanteuse utopique a été réalisé en duo avec la soprano Carmen Léger, ma courageuse collaboratrice. Cette aventure dans l’art actuel lui a donné la possibilité, à son tour, de s’aventurer dans un territoire inconnu. En ce qui la concerne, ce qu’elle a vécu comme artiste sonore devenant visuelle, a donné à ce projet une richesse qui provient justement de cet échange entre deux médiums de création.  

Installation et performance à la Maison de la culture Côte-des-Neiges, Montréal 

Photographe : Julie d'Amour-Léger