Résidence de création Centre Daïmon, Gatineau, Qc. 2005
"Pour moi, entendre veut dire voir. Si la situation d’écoute n’est pas idéale pour que j’entende bien ou que la sonorité d’une voix n’entre pas dans ma perception auditive, j’appuie ma communication sur ce que je vois. Tout se passe donc dans le langage corporel, surtout labial. Les lèvres et la bouche correspondent pour moi à ce que la sonorité peut représenter pour un entendant. Parfois, j’utilise la déduction pour comprendre ce qui est dit. Mon incapacité à décoder certaines paroles fait en sorte que je me raconte souvent une histoire, d’une histoire qui m’est racontée. Par exemple, lorsque je vais au théâtre ou au cinéma - ou même dans toute autre situation où mon ouïe est mise à contribution - l’histoire que je déduis repose souvent sur le visuel et sur les seuls mots décodés. Souvent, je n’entends que la moitié de ce qui est prononcé et le reste devient du son. Malgré cela, je suis en mesure de saisir l’essentiel de ce qui se dit. C’est cette expérience très personnelle que je désire transmettre par le biais d’un travail vidéographique".
Ce texte, écrit à cette période, correspond à une situation qui a beaucoup changé. En 2012, j'ai reçu un implant cochléaire et ma situation est complètement différente aujourd'hui. Néanmoins, ce vidéo demeure pertinent, car il décrit bien une expérience vécue dans l'enfance.
Vidéo réalisée dans le cadre d'un mois en résidence au Centre Daîmon.