Cette performance a été réalisée à la fin d'une semaine en résidence collective (7 artistes) de l'événement Tout un monde / Stratégies d'existence sous le commissariat de Sylvie Tourangeau.

«Retour à l'intérieur dans une salle plongée dans le noir où Céline Boucher est étendue sur une table, avec une boîte blanche sur la tête et un spot de lumière concentrée sur son chandail blanc. Focus sur ce corps allongé qui rappelle la Leçon d'anatomie avec nous tous autour. Boucher commence à scander un récitatif monotone et prégnant : « t'entends-tu? t'écoutes-tu? t'entends-tu? t'écoutes-tu? Sur un air de comptine, elle nous entraîne dans le dédale de la maison de son enfance, de notre enfance au son des appels en raffales, en douceur, violents ou étouffés, imprécatifs ou maternels soudain interrompus par des sons secs du claquement des claves qu'elle frappe sur la table et qui font contrepoints à la voix qui vibre, qui envahit le plexus solaire, qui chatouille les fibres sensitives et éveillent les sens. Elle est là, dans une immobilité vibrante, ultra-présente. Nous oublions cette salle neutre et froide, nous sentons son entière capacité à l'abandon, l'intensité de son cantique profane comble l'espace physique ambiant et s'insinue dans nos fibres corporelles. Chacun vibre de la réverbération de ces échos évoquateurs, répète, fredonne cette écholalie. L'espace-temps est suspendu, immatériel».

Extrait d’un texte de Louise Paillé, conférencière invitée à l'événement.